Pierre-Paul RUBENS (Siegen 1577-Anvers 1640)
VENTE LE 9 JUIN 2010 À 14H30 Pierre-Paul RUBENS (Siegen 1577-Anvers 1640) Le sommeil de Pan, d’après un marbre attribué à Montorsoli Sanguine et rehauts de craie blanche sur papier beige 43 x 26,5 cm Papier filigrané (une sorte de R surmonté d’une forme, sur deux pontuseaux). Pliures. Deux taches grises sur le ventre (diamètre environ 1cm). Provenance : - Collection Jules Augry ( qui fut directeur de la Galerie Georges Petit ) - ancienne collection de Sir Charles Greville, son cachet au verso (L.549) ; ancienne collection Earl of Warwick, son cachet en bas à droite (L.2600) ; sa vente, Londres, Christie’s, Manson and Woods, les 20-21 mai 1896, peut être partie du lot 357 comprenant trois dessins de compositions diverses présentés comme d’après Rubens Le professeur Jeremy Woods, sur la base d’une photographie, a reconnu en ce dessin une copie entièrement de la main de Rubens d’après une sculpture en marbre attribuée à Montorsoli (1507-1563). Le professeur Wood prévoit de présenter ses recherches sur ce dessin dans sa future publication (prévue en 2011) du volume XXVI-III du « Corpus Rubenianum Ludwig Burchard », dans le segment consacré aux « Copies et adaptations d’après les artistes de la Renaissance et des époques postérieures », divisé en trois parties. La première, sur « Raphael et son école », vient d’être publiée (janvier 2010) ; la seconde, sur « Titien et les artistes d’Italie du nord », sortira en octobre 2010 ; la troisième, « Léonard de Vinci, Michel-Ange et les artistes d’Italie centrale », est prévue pour 2011. Notre dessin, inédit, est à rapprocher d’une autre copie par Rubens du marbre de Montorsoli, vu sous un autre angle (anciennement conservé au palais Barbieri, la sculpture est actuellement conservée au City Art Museum de Saint-Louis, Missouri). Il s’agit d’une contre-épreuve à la sanguine, largement reprise et enrichie de lavis et de gouache, qui faisait également partie des collections Greville et Warwick (maintenant conservée à la National Gallery de Washington). Le dessin de Washington représente donc le motif du marbre de Montorsoli, un Pan couché en ronde-bosse, vu sur le côté, en sens inverse de la sculpture originale. Burchhard et d’Hulst (Rubens Drawings, Bruxelles, 1963, n°161) datent la contre-épreuve sous-jacente au dessin de Washington du séjour de Rubens en Italie, entre 1601 et 1608, tandis que madame Logan évoque la possibilité d’une datation plus tardive, peut-être d’après des dessins de Poelenburgh (gravés par Jan de Bishop). Le travail de reprise de la contre-épreuve est postérieur, vers 1630. Lors de son voyage en Italie, Rubens prit un soin particulier à étudier les antiques, comme le Sénèque qu’il dessina sous six angles différents. Il rédigea un traité, « De imitatione Statuarum », non publié de son vivant, que Roger de Piles édita en 1708 dans son « Cour de peinture par principes », où il affirme qu’il est nécessaire de comprendre l’art de la sculpture antique pour atteindre la perfection en peinture (voir A.M. Logan, «  Peter Paul Rubens, the drawings », Metropolitan Museum, New York, 2005, p.115). Comme pour ses plus célèbres copies d’antiques, Rubens étudie donc le Pan endormi sous plusieurs angles. Cette sculpture, peut-être exécutée vers 1533 par Montorsoli, fut au temps de Rubens tour à tour attribuée à Michel-Ange ou considérée comme un antique. Sa force d’évocation dût impressionner au plus au point Rubens pour qu’il en fît des copies sous toutes les coutures. Notre dessin représente le Pan endormi vu par les pieds, dans le sens de la longueur. Rubens put le voir en Italie, mais le style de ce dessin, comme pour celui de Washington, correspond à sa manière dans les années 1630. Une explication plausible, avancée par Jeremy Wood, pourrait être qu’il copia une des versions réduites en terre cuite qui circulèrent dans le milieu artistique à cette époque. Cependant, la précision du rendu anatomique dans le dessin de Rubens laisse perplexe face à la synthétisation induite par la réduction à une petite échelle. Le marbre du Pan endormi était regardé au début du XVIIe siècle comme pouvant être un antique (voir A.M. Logan, compte-rendu de « Rubens-selected Drawings » par Julius S. Held, dans « Master Drawings », volume 25, n°1, 1987, note du catalogue n°40, p.69). La critique moderne l’attribue à Giovanni Angelo de Montorsoli (vers 1507-1563). Elève d’Andrea Ferrucci, il travaille pour Michel-Ange, en particulier à la sacristie de San Lorenzo, où il sculpte la statue de saint Côme. Il travaille pour le pape Clément VII à la restauration d’antiques, dont le célèbre Laocon. Il est appelé également à Naples, Volterra et Messine, s’illustrant dans la sculpture funéraire. En Sicile, il travaille à la cathédrale de Messine et réalise dans cette ville deux fontaines importantes. La conjonction des influences michelangelesque et antique dans la figure du Pan endormi amena la critique à attribuer ce marbre à Montorsoli. Expert : Cabinet de Bayser 00 33 1 47 03 49 87
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